Rencontre avec Thierry Humbert, artiste numérique, illustrateur des Voyages Extraordinaires.

Le 23 janvier 2008, Thierry nous a quittés après une longue et douloureuse maladie.

· Thierry, parle-nous de l’art numérique. C’est quoi ? Avec quels matériels et techniques travailles-tu ? Que réponds-tu à ceux qui se demandent si c’est vraiment de l’art ?

L'art numérique c'est l'art qui est créé par ordinateur. En ce qui me concerne je crée des images comme des dessins ou des peintures en utilisant des logiciels spécialement conçus pour cela. Je travaille deux techniques : la 2D et la 3D. La 2D est tout simpement la technique qui permet de dessiner ou de peindre, en deux dimensions, comme sur une feuille de papier. Pour cela j'utilise une tablette graphique et des logiciels de dessin/peinture. En ce qui concerne la 3D, c'est une technique qui permet de travailler des formes en 3 dimensions comme dans le jeux vidéo ou les dessins animés en images de synthèse. Dans ce cas j'utilise des logiciels spécifiques pour réaliser des objets, des décors ou des personnages 3D. Ensuite je combine souvent la 2D et la 3D pour finaliser mes images.

L'art numérique est bien sûr une forme d'art à part entière. Qu'on utilise un pinceau, un violon, un burin, une caméra, une casserole, une plume d'oie ou un ordinateur pour créer une oeuvre d'art n'a aucune importance. Ce qui compte c'est le résultat. D'autant que l'ordinateur ne fait en aucun cas le travail à la place de l'artiste. C'est comme si on se demandait si le cinéma est une forme d'art par rapport au théâtre... ça n'a pas vraiment de sens.

· L’art numérique appliqué à l’illustration. Quelles en sont les difficultés spécifiques… et l’intérêt pour l’artiste numérique ?

En ce qui concerne l'illustration, il n'y a pas grande différence entre la création graphique traditionnelle et la création numérique, puisque ce qui compte avant tout pour un éditeur c'est un style d'image particulier. Que vous ayez créé cette image avec du papier crayon ou un ordinateur n'a aucune importance réelle pour la maison d'édition. Tant que votre style graphique correspond à ce qu'elle attend. La vraie difficulté est justement de réaliser des images qui peuvent plaire à cette maison et à son public de lecteurs. Le gros avantage pour l'artiste, c'est qu'il peut envoyer son travail directement et immédiatement par mail chez l'éditeur, lorsque celui-ci est satisfait, pour passer à la phase d'impression du livre.

· Comment se déroule le travail de création pour une couverture, en général, et pour celle des Voyages Extraordinaires, en particulier ?

D'abord, dans la mesure du possible, il faut bien s'imprégner du livre à illustrer. En sentir l'atmosphère et les images clés. Puis essayer de représenter visuellement l'une de ces images clés et de la soumettre à l'éditeur. S'il est content on peut finaliser et paufiner son travail pour qu'il puisse être imprimé. S'il est moins content, l'on recommence jusqu'à satisfaction complète. Le problème pour l'illustrateur est qu'il n'a pas forcément la même vision des choses que l'éditeur ou que l'auteur. Il lui faut donc beaucoup de souplesse pour pouvoir s'adapter à la commande. Pour les Voyages Extraordinaires c'est le même principe, j'ai présenté des idées à l'éditeur ou à l'auteur et peu à peu nous sommes arrivés à un résultat qui satisfaisait à peu près tout le monde.

· L’idée qui a inspiré l’auteur des Voyages Extraordinaires est celle du carnet de voyage dans l’imaginaire. Comment envisagerais-tu de tels carnets ?

Comme dans tous les carnets de voyages on y trouverait du texte et des images, des annotations et des croquis. Mais, dans ce cas particulier, les photos des contrées traversées que l'on trouve généralement dans ce genre d'ouvrages pourraient être remplacées par des créations numériques qui deviendraient alors des sortes de « photos d'imaginaire ».

· Peux-tu nous dire un mot sur tes autres réalisations ? Et tes projets ?

Eh bien, pour l'instant, je partage mon temps entre mon travail de commandes pour les maisons d'édition ou pour de la communication visuelle et des réalisations plus personnelles que je présente sur mon site ou que j'exploite commercialement. Mais comme j'ai la chance d'avoir une imagination assez fertile, ce qui m'intéresse vraiment c'est de « matérialiser » par mes créations les mondes fantastiques et merveilleux que j'ai dans la tête.

Rencontre avec Thierry Humbert

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